Chroniques

Des rêves à la mer (chapitre 7)

Chapitre 7 : Espoir (2)

Le sms. Tombé du ciel. Celui qui redonne du courage. La situation n’est pas aussi catastrophique que semble le faire croire les différentes relations des journalistes présents sur le terrain. « On va bien. On attend les secours ». Sept mots en tout, qui ont redonné à Séckou le courage, la force d’y croire. Sa cousine n’est pas morte. Et elle ne va pas mourir aussi jeune. Elle a des projets pleins la tête. Le bon Dieu doit aussi ou probablement avoir plein de projets pour elle. Enfin quoi qu’il en soit, elle est vivante. Elle doit être à l’intérieur du bateau. Les secours vont la sortir de là. Il sécha ses larmes très vite.

Pendant ce temps à Bellevue, Diégane était rentrée chez lui. Il annonça à Maimouna qu’Agnandine était dans le bateau qui a chaviré au large de la Gambie. Maimouna fut attristée par cette nouvelle. Elle en pleura. En sortant du séjour, elle rencontra la bonne, et lui dit tout simplement

Maimouna : Agnandine était dans le bateau. Priez pour elle.

Et elle s’eclipsa. Astou voulait en savoir plus, mais vu l’état de Maimouna, elle lui dit d’ accord et partit chercher Queenie. Cette dernière venait de rentrer de son premier jour de classe aux maristes, sa nouvelle école. Elle avait de suite adoré les lieux : la pergola, la fontaine de l’ange peul, le cdi…. Elle avait fini de manger et décrivait l’école à ses frères et sœurs : Zeyna, Ben et Khogne qui avait juste trois ans à l’époque.

Astou : Queenie, ta mère m’a dit qu’on prie pour Agnandine. Elle est dans le bateau.

Queenie : Lol. Mba dou bateau da rére wala soukh ? (Est-ce que le bateau n’aurait pas disparu ou fait naufrage ?) suivi d’un gros éclat de rire.

Astou se tint la bouche en regardant Queenie. Elle était bouche bée. Elle n’y avait pas pensé. Mais Queenie expert en scénario catastrophe lui a fait penser à ça.

Astou : C’est possible. Ta maman pleurait.

Queenie : Hein ? Mais tu penses que si c’était arrivé, on peut ne pas être au courant ?

Astou : Queenie, je n’ai pas écouté la radio ce matin. Et toute la matinée, tes frères et sœurs ont regardé Manga et Mcm.

Queenie : Je vais écouter la radio. S’il est arrivé quelque chose à ce bateau, sois sur que tout le monde va en parler.

Queenie partit dans sa chambre, Astou sur ses talons. Elle tourna le bouton tunning de sa radio, toutes les chaines qu’elles captaient, il y avait des chants religieux.

Astou : Le bateau a coulé. C’est sur.

Queenie : Ne parle pas de malheur. On est vendredi, c’est pour ça, il y a ces chants religieux.

Astou : Capte la radio Wal Fadjri.

Queenie obtempéra. Etendue de travers sur le lit, Astou assise à même le sol, elles fixaient le poste radio attendant l’information. Le chariot musical en cas de catastrophe, cette musique de Walf qui fait qu’aujourd’hui Queenie ne supporte pas d’écouter cette radio lors d’événements majeurs. Et le présentateur qui annonce la nouvelle. Astou et Queenie furent pétrifiées.

…. Toutes les quinze minutes vous aurez un point sur la situation à Ziguinchor et à Dakar. Pour rappel, le bateau le Joola a fait naufrage cette nuit au large de la Gambie. Les secours sont en route….

Queenie avait d’un coup les yeux tout rouges. Elle sentit ses cheveux se dresser. Elle regarda Astou.

Astou : C’est foutu.

Queenie : Tu as dit Agnandine ?

Astou : Elle m’a dit Agnandine.

Queenie se remémora tous les moments passés avec cette cousine qui bien plus âgée, aimait échanger avec elle. Elle se rappela la première fois qu’elle est partie chez elle, dans une ville à l’intérieur du Sénégal. Elle était la seule qui s’occupait de Queenie. Queenie qui, adolescente était timide, introvertie. Tant qu’on ne lui parlait pas de livres, et de cuisine, on n’arrivait pas à la faire sortir de sa carapace. Elle avait compris ça très vite.  La deuxième fois que Queenie vint chez elle, elle lui permit de faire la cuisine, de préparer le repas pour toute la famille. Ce que Queenie n’avait jamais fait. Elle se dit qu’un Thiou Curry n’aura plus jamais le même goût pour elle. C’était le plat préféré d’Agnandine qu’elle lui avait appris à préparer.

Queenie : Hélène doit être anéantie. Non, et Bijou. Elle était tellement attachée à Agnandine.

Astou : Tu oublies son père.

Queenie : Je te jure. Mais……..

Astou : Je vais faire la vaisselle. C’est terrible. Une terrible nouvelle. Aujourd’hui, beaucoup de gens n’auront pas la tête d’aller prier à la mosquée.

Queenie : Tu crois qu’on devrait appeler Hélène ?

Astou : Pour lui dire quoi ?

Queenie : Je ne sais même pas.

Astou : Alors ne le fait. On  attend de voir. Les secours sont en route. Peut être elle fera partie des rescapés.

Queenie : Espérons.

Queenie avait des frissons. C’est comme ci elle avait pris une douche froide. Elle passa une triste journée alors que pendant ce temps à Sacré cœur, Séckou le fils d’Amaye avait décidé de parler son père du sms d’Agnandine.

Amaye : Tu es sur que c’est elle ?

Séckou : Papa, regarde. C’est bien son numéro.

Amaye : On fait quoi maintenant ?

Séckou : Je ne sais pas c’est pour ça, je suis venu te parler.

Amaye : Ne disons rien. Comme les secours sont en route, on verra ce qui va en sortir.

Séckou Jr opina. Il était sur un petit nuage tout de même. Il était comme un naufragé qui s’accroche à une bouée de sauvetage, tout comme son père. Et finalement, ils en parlèrent au père et à la sœur d’ Agnandine et même à sa mère. Tous, ils attendaient avec impatience pour savoir si le bateau sera renfloué ou pas. Ils étaient optimistes parce que le bateau avait chaviré, il n’avait pas coulé, il flottait. Ce qui sous entendait qu’il y avait des poches d’air où des hommes pourraient vivre pendant un certain temps avant que l’air ne se raréfie. Dans L’Aventure du Poséidon, après qu’une lame de fond ai fait coulé le bateau, un groupe de survivants était dans le bateau. Ils avaient pu être sauvés. Pourquoi pas les naufragés du Joola ?

Optimistes, ils décidèrent de ne pas aller voir les corps qui avaient été repêchés. Le père d’Agnandine soutenait mordicus que sa fille était dans sa cabine quand le bateau avait chaviré. Tout simplement parce qu’elle avait promis que c’est qu’elle allait faire. Son sms en attestait. Elle en parla à Diégane. Ce dernier enregistra l’information, et lui dit qu’il peut espérer dans ce cas. Le temps passait. La tension augmentait. Les familles n’en pouvaient plus d’attendre. Le samedi matin, la surprise, la stupeur céda la place à la colère. Le bateau prévu pour 540 personnes, avait à son bord le double voir le triple de voyageurs, sans oublier le fret. Un moteur fonctionnait, alors que le bateau devait avoir deux moteurs. A qui la faute, était la question sur toutes les lèvres. Des milliers de parents, amis et simples citoyens se massèrent devant les grilles du palais, pour demander au chef de l’état de situer les responsabilités, de donner des explications sur la catastrophe et l’organisation des secours. Il promit la mise en place d’une commission d’enquête, entre autres.

Pendant ce temps, les secours se contentaient de ramasser les cadavres. L’option renflouement du bateau, tout le monde en parlait au début, et puis de plus en plus, l’idée commençait à être abandonnée. De toute façon, tout le monde est mort. Une affirmation qui révulsait Séckou qui parlait à tout bout de champ du fameux sms envoyait par Agnandine. Il se rendit compte qu’il n’était pas le seul à avoir reçu un sms d’un proche dans le bateau. Ils décidèrent d’organiser une conférence de presse. Ils étaient peut être une dizaine de personnes à avoir reçu des sms. Quand il fallut le montrer aux journalistes, les sms avaient disparu.

Related posts

Des rêves à la mer (chapitre 8)

admin

Des rêves à la mer (Chapitre 9)

admin

L’habillement des femmes n’est pas une violence faite à l’homme

admin

58 comments

TysonBig février 20, 2019 at 12:53

Hi. I have checked your beutourege.com and i see you’ve got some duplicate content
so probably it is the reason that you don’t rank
hi in google. But you can fix this issue fast. There
is a tool that creates content like human, just search in google: miftolo’s tools

Reply

Leave a Comment