Arts

Reine Loza

« La beauté ne réside pas dans ce que les autres voient, mais dans ce que l’on choisit de montrer ». Cette phrase extraite d’un discours de Loza Maléombho résume l’exposition photo de cette artiste qui à travers le selfie veut reprendre en main son image. Une image écornée par son passage aux Etats Unis où on l’a trouvé trop noire, avec un fort accent africain et un style trop ethnique. Des défauts qu’elle a su mettre en valeur et qui lui ont permis de se faire un nom dans le secteur de la mode.

Loza Maléombho à la galerie LouiSimone Guirandou 
Après un bachelor de beaux arts en infographie, elle a débuté sa carrière de styliste à New York chez Zara, Diesel, Bloomingdale. C’est en 2009 qu’elle crée sa propre marque qu’elle relocalise en Côte d’Ivoire. En début de cette année 2016, ses créations sont mises en avant à travers un clip de Beyonce qui revendique de plus en plus sa Blackittude. Pour rappel, elle s’est engagée dans le combat #BlackLivesMatters…. C’est à l’occasion d’une visite à la galerie Louisimone Guirandou à Abidjan que nous avons eu l’occasion de découvrir les œuvres de Loza. Dans une salle de plus de 100 m2, il y a onze de ces œuvres qui font partie du projet #AlienEdits qui a été montré à Dakar dans le cadre de l’exposition SubaBiennale. Suba biennale, un projet parmi les off de la biennale de Dakar. Dans ces photos, la situation de la femme africaine d’aujourd’hui est évoquée de plusieurs façons possibles mais il y a toujours ce côté victorieux. Jamais d’air résigné! Loza nous fait découvrir une vendeuse de Gboflotos, une couturière, une nana benz et il y a surtout la Reine Pokou et Mamy Watta. 

Les tableaux Reine Pokou et Mamy Watta
Deux personnages qui représentent beaucoup dans l’imaginaire africain. On se laisse aller à des divagations sur la vie de celle qui se livre à ces autoportraits. Stigmatisée, elle a su se construire, se battre, se faire femme affirmée et assumée qui n’hésite pas à user de ses charmes pour attirer, de sa douceur pour retenir. Loza femme fatale, sacrée coquine, venimeuse, toxique, c’est ce qu’on peut voir dans la photo Mamy Wata. L’anneau au nez, elle jette un regard charmeur sur l’objectif. Sa dangerosité réside dans le cobra prêt à l’attaque qui est sur sa tête. Le maquillage noir éclaire un peu sa noirceur d’ébène très accentuée par le fond blanc de la photo. Son cou est habillé par un bijou traditionnel dont l’objectif est d’allonger le cou pour correspondre aux critères esthétiques africains traditionnels qu’on retrouve dans les exigences du monde de la mode actuel. Le vernis aux ongles prouve si besoin en est que Loza est une fashion addict attachée à l’Afrique et fille de son temps.

Mamy Watta vue de près Perception qui se confirme dans la photo Reine Pokou. L’anneau au nez disparait. Il est remplacé par un simple bijou de nez. Aux oreilles, on retrouve des boucles d’oreilles conventionnelles dorées ou en or, elle a ici le port d’une reine, de la reine mère. Les bijoux de valeurs dont la couronne qu’elle arbore démontrent sa valeur. Sa posture, elle, n’est pas charmeuse. La reine Pokou tient une défense d’éléphant, cet animal symbole de la côte d’ivoire ce pays que Loza porte dans son cœur, dans son corps et dans son accent si caractéristique.

Reine PokouUn pays à l’histoire riche, une histoire qu’elle assume totalement et dans laquelle elle a puisé pour s’enrichir et se poser dans le monde d’aujourd’hui. Non pas comme une femme, le sexe faible. Mais comme une femme, un être humain à part entière qui se bat pour que sa voix soit audible.
Nous avons rencontré Loza. On a échangé avec elle. 

Oumy Régina Sambou

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