Nous sommes le 24 juin de l’An de grâce 2018 au moment où je commence à rédiger cet article. Bien avant ma naissance et même encore aujourd’hui, ma position de femme reste floue. Je croyais avoir gagné du galon, mais je me rends compte que je suis BIEN loin du compte.
Leyopar
Il y a peu, je lisais Les Putes voilées n’iront jamais au paradis de Chahdortt Djavann; l’action se passe en Iran et en même temps que je le lisais, je me sentais privilégiée d’être née de ce côté du monde, au Cameroun, mais encore plus dans la famille de Monsieur mon Père. J’ai lu des choses, qui font froid dans le dos et je pensais avoir lu le pire. Dans l’Iran des Mollah, la burqa aiguise les convoitises. On aurait juré que puisque rien ne se voit, ces demoiselles auraient la paix; mais non! Il n’en est rien. Les vicelards c’est bien connu, se soulagent et se servent que vous soyez couverte ou pas, aguichante ou pas, disposée ou pas. Tout est prétexte pour vous agresser dans votre intimité et votre intégrité. Les viols ont pignon sur rue et se commettent dans l’endroit que l’on croirait le plus sécurisé du monde: la maison. Dès le jeune âge les petites filles sont les victimes d’hommes qui n’hésitent pas à violer une gosse de 5 ans….
Et puis, après, je suis tombée sur un reportage de Arte, “un monde sans femme”, mon coeur a saigné mille fois; ou plutôt tellement de fois que je ne saurais compter. La femme: cette chose, ce misérable individu qui n’a pas droit de cité dans certains coins de monde. Certaines sont infantilisées au point d’avoir des tuteurs, d’autres n’ont même pas eu la chance de montrer que leur (misérable) vie et existence valaient la peine d’être vécues. Dans l’implacable sélection naturelle, dans certains pays être une femme ou avoir une fille relève de la disgrâce.
Selon le documentaire, “sur le continent asiatique, des décennies de politiques de contrôle des naissances et d’avortements sélectifs ont des conséquences désastreuses. Selon les estimations, il « manquerait » actuellement quelque 200 millions de femmes afin d’assurer l’équilibre entre les sexes. Par exemple, un garçon sur cinq qui naît aujourd’hui en Chine ne trouvera pas d’épouse. Pour pallier ce manque, des fillettes sont enlevées dans le but d’être mariées une fois adultes au fils de la famille, tandis que des parents d’âge mûr vantent sur des marchés matrimoniaux les qualités de leurs descendants masculins restés célibataires. Mais l’Empire du Milieu ne constitue pas un cas isolé. En Inde, en Corée du Sud et au Viêtnam, on observe les mêmes tendances inquiétantes, lesquelles entraînent une augmentation des enlèvements, des trafics et de l’exploitation sexuelle. Comment en est-on arrivé à de tels extrêmes ? Et comment expliquer qu’en dépit de nombreux cris d’alarme le nombre de « femmes manquantes » ne cesse de progresser ? Enquête sur un phénomène massif dont les répercussions semblent encore largement sous-estimées”.
Et dire que je croyais qu’on avait avancé!
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Il en a fallu des années de recherches pour établir un fait inaliénable, le sexe d’un enfant ne dépend pas de la femme. NON! Si d’aventure, vous ignorez comment ça marche : l’homme = XY et la femme c’est XX. Si votre enfant est XX, vu que la femme c’est XX (ce qui ne change RIEN au résultat) c’est que la personne qui a fait d’elle une fille ce n’est surement pas Madame, mais Monsieur. Donc, que les choses soient claires et arrêtez de nous casser les bonbons (oui, j’ai dit bonbons). Je comprends donc pas pourquoi, on s’en prend à la femme.
Le garçon transmet le nom:
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Je discutais avec un ami qui se plaignait de ne pas avoir de garçons. “Qui transmettra mon nom” disait-il! Mais qu’est ce donc qu’un patronyme si ce n’est le prolongement d’un orgueil phallique qui n’a pour seul but que de marquer, d’affirmer sa possession sur un enfant que l’on fait à DEUX. Très sincèrement, c’est frustrant et insultant pour les familles “pourvoyeuses” de filles, car l’air de rien, il faut bien qu’il en ait qui fassent des filles pour que l’espèce se reproduise. Voilà comment des inepties ont justifié la sélection dès le ventre et si une échographie n’est pas possible, c’est à la naissance que les bébés (filles) sont tuées ou abandonnées de sang froid. Je mettrais ma main à couper que si l’avortement était légalisé en Afrique, beaucoup ne se gêneraient pas pour éradiquer la honte dans l’oeuf. Je connais des familles au Sénégal où l’on accorde plus de poids à un petit frère né 15 ans après sa soeur aînée (première née de la famille). C’est aussi à cause de ce foutu patronyme que les femmes dans certains pays africains n’héritent pas au même titre que les hommes surtout dans le domaine foncier. II me vient à l’esprit une citation de mon féministe de Papa: “si tu es un homme, vas t’en travailler pour profiter de tes biens” ; au moins, chacun sait à cet instant ce qu’il est venu chercher sur terre. lol
Le documentaire Un monde sans femmes affirme que dans 19 pays africains, on préfère avoir des garçons plutôt que des filles. Ca fait froid dans le dos.
Je cherche la source et dès que je l’ai, je vous met à jour.
Quand tu crois avoir touché le fond…
Kidnapper, violer et épouser (trop tôt)
Source: https://bit.ly/2IL9BFk
Je regardais la TV, quand je suis tombée sur un reportage glaçant paru sur France 24 où une tradition perdure aujourd’hui malgré son interdiction par l’Etat. Près de chez nous au Bénin, des petites filles sont kidnappées, violées et mariées de force. Ce sont des histoires qu’on a déjà entendues mais qui sont si lointaines que l’on refuse de croire que ça se passe chez le voisin d’à côté. Ce qui m’a scotchée, c’est que le papa (qui a kidnappé, violé et épousé sa femme) destine sa jeune fille au même destin. Un père, qui a pour devoir de protéger son enfant, promet que si un homme vient avec une dot demandant sa (jeune) fille en mariage, il lui accordera sa main. Si sa fille par excès de zèle s’y oppose, si le promis l’enlève, il comprendra! Nous sommes en 2018 et oui cela se passe chez notre voisin “civilisé”.
Ce que l’histoire oublie de dire, c’est qu’aux Etats-Unis dans certains Etats, il n’existe pas de limite d’âge pour le mariage… je vous laisse imaginer les abus et les excès possibles. C’est bien dommage car, voilà un pays où on légifère sur TOUT, la boisson, le port du préservatif à la TV mais quand il s’agit de définir l’âge légal de mariage, la loi/ les lois sont MUETTES.
La femme, ce bien qui leur appartient et dont ils disposent :
« En fait de meubles, la possession vaut titre » : Cette maxime de droit résume à elle seule la situation de la femme dans certaines régions du monde et même dans l’autre reste du monde. J’ai toujours été abasourdie par le langage de certains hommes. Ils sont tellement convaincus de leur suprématie qu’ils éprouvent le besoin de pisser autour comme pour montrer au monde qu’ils occupent l’espace. Combien de fois, n’ai-je pas entendu c’est mon enfant il m’appartient parce que je suis son père. il vaut mieux que je ne m’attarde pas sur le sujet…. Bref, je voulais juste illustrer ce besoin de posséder et de marquer son territoire. C’est au nom de cette présumée propriété qu’ils violent, frappent, martyrisent, persécutent parce qu’eux les tous-puissants détiennent le pouvoir absolu sur la vie des femmes. Cette déshumanisation va loin, trop loin. J’ai parlé de viol, oui ça en fait partie, dans votre intimité vous êtes persécutée par l’homme qui vous a épousée mais aussi par le connard qui estime qu’il a le droit de se servir parce que la nature lui a attribué une prétendue ascendance sur vous. Quand abuser de vous ne suffit pas, il s’attaque aux symboles de votre féminité les marquant à vie comme pour laisser un trace indélébile de votre outrage. Les immolations, les jets d’acide se font de plus en plus récurrents en Asie où c’est la marque de fabrique, en Inde et au Pakistan, mais aussi en Afrique dans des pays comme l’Afrique du Sud, l’île Maurice et l’Ouganda.
Tout ceci en fait, pour maîtriser l’entrejambe des femmes.
Ils ne l’avoueront jamais. Mais tout ça aussi, c’est pour profiter de votre vagin à profusion. Et ils ont créé le sacro-saint concept de virginité qui ne concerne que les femmes. Avec des collabo, ils ont même mis en place des processus de vérification. Tout ça pour leur vanité et bon plaisir. Après quoi, on estime qu’une femme qui n’est plus vierge ne vaut pas mieux qu’une chienne qui compte à son actif des dizaines de mises bas. Comme il faut donc s’assurer que la chose est vierge de tout attouchement sans mauvais jeu de mots, les plus “puritains” vont sans scrupules “se faire des jeunes filles” assurées qu’elles ne sont pas souillées. C’est cru, c’est sale mais c’est pourtant vrai.
La femme, ma seule et vraie ennemie
Parce qu’il faut toujours un complice pour perpétuer les injustices, dans la condition féminine, c’est la femme qui se révèle être une harpie dont la furie et l’acharnement finissent par déshumaniser ses congénères. Chercher une femme qui souffre dans le monde, il y a fort à parier qu’à 75%, c’est une autre femme qui est tortionnaire et/ ou qui attise la rage d’un bourreau d’homme.
L’éducation, notre alliée souvent détournée et BAFOUÉE: pile ou face
Si cette situation perdure, c’est parce que garçons et filles sont gavés de faux dogmes. Les uns naissent supérieurs et dotés de tous les droits et les autres naissent inférieures en tout point et même pas dignes d’être traitées d’êtres humains. Vous trouvez que j’abuse? C’est pourtant ainsi dans certaines régions du monde. Les femmes sont éduquées dans l’idée qu’elles doivent s’effacer et s’abandonner à leur “bienveillance”. Sans oublier que cette éducation culpabilise les femmes pour un oui ou pour un non. Dans certaines cultures en plus de d’inculquer la suprématie du masculin, on lobotomise la petite fille avec des contre-vérités du type : “ta vie ne vaut rien, tu ne vaux rien, tu es miséreuse et misérable…. Bla Bla Bla”; c’est dire très tôt, le lavage de cerveau s’opère et la jeune femme en devenir grandira avec l’idée qu’elle ne vaut rien vu que ses parents l’en ont convaincue!
Et pourtant, seule l’éducation permettrait de sortir de cette spirale infernale. Apprendre aux enfants dès le bas-âge qu’il n’existe pas de sous-êtres et que la femme n’est pas cette marchandise dont on dispose et que l’on peut malmener parce que “possession vaut titre”. Il est possible d’inverser la tendance en arrêtant de propager les clichés sexistes.
Je suis sûre qu’après la lecture de ce qui précède, vous vous demandez pourquoi je crains pour ma vie; hé bien, je vais vous le dire:
- Parce que je suis une femme, et que le sort de mes congénères ne m’est pas indifférent.
- Parce que je suis une femme, et malgré les luttes et le chemin parcouru, les fondations ne sont pas solides.
- Parce que personne n’est à l’abri d’un phallus en manque d’autorité.
- Parce que, si j’avais titré “les malheurs de Sophie”, il y a fort à parier que vous ne serez certainement pas arrêtés ici.
- Parce que pour finir en tant que femme, je ne dois pas cesser de défendre les intérêts d’une sœur, d’une tante, d’une cousine, d’une amie ou d’une inconnue et de sensibiliser les uns et les autres pour que le règne de l’arbitraire cesse pour de bon.
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