Culture

Portrait de Baye Fall

Sculpteur reconnu, Balla Ndao surprend dans le cadre d’une exposition axé sous le thème Echanges Sénégal- Diaspora et diversité au ministère de la culture. Avec des morceaux de tapis, collés entre eux, il réussit à faire un portrait d’un réalisme sidérant de Mame Cheikh Ibra Fall.

Vu de loin, on croit juste que c’est un patchwork de différents tapis, des tapis faits mains par l’artiste surtout avec la mention ‘’Tapisserie manuelle’’ qui accompagne l’oeuvre. Que non ! C’est des morceaux de tapis, coupés en carrés, en rectangle, en ficelle. Des tapis aux couleurs de l’Afrique nous dit Balla Ndao. Effectivement, il y a cette dominante claire qui fait ressortir le visage du premier des Baye Fall, des couleurs du désert, des couleurs de la terre qui vont d’un beau beige ou marron au rouge profond, les ciels orageux d’Afrique qu’on retrouve dans les gris, les belles couleurs des nuits africaines symbolisées par un beau bleu de nuit.Le travail fait sur les morceaux de tapis a permis de les assouplir. Avec ses mains, Balla Ndao a travaillé au marteau, au bois tous ces coupons de tapis et de tissus qu’il a enduit de colle avant d’achever son œuvre. Un travail qu’il a voulu manuel. Balla n’aime pas utiliser les machines. Il sculpte avec ses mains, peint avec ses doigts. Des mains qui en garde les stigmates : elles sont calleuses, déformées par endroits et remplies de cors.

L’artiste les exhibe tout en expliquant les différentes étapes auxquelles il a du passer pour réaliser cette tapisserie d’une dimension assez respectable. Il a fallu d’abord faire un dessin  sur le support de la tapisserie,  en délimitant les dimensions. C’est ensuite que l’artiste a fait en sorte de sortir les lumières, découper les différentes couleurs de tissus, les dégradés pour créer les reflets qui donnent tout son charme à la tapisserie.

Une tapisserie saisissante, d’une beauté à couper le souffle.  Elle est aussi porteuse d’une histoire. Portrait de Baye Fall est la première œuvre d’une série de portraits sur l’Afrique. L’Afrique qui est au cœur du travail de l’artiste qui considère que Cheikh Ibra Fall fait partie des premiers à évoquer la mondialisation. Un concept assez flou pour Balla Ndao qui le voit comme la nécessité pour les êtres humains de s’unir. Une union des cœurs prônée très tôt par Mame Cheikh Ibra Fall. Ce dernier s’habillait avec des morceaux de tissus collés en patchwork comme la tapisserie. Balla Ndao se plait à rappeler que ce guide religieux, qui est le sien,  aimait à dire que tout ce qui lui était proche, il ne l’abandonnerait pas. Ce patchwork de tissus est vu comme le monde, un monde que Balla Ndao restitue à merveille et présente au monde de l’art qui s’est donné rendez vous à Dakar, à l’occasion de la 12e biennale des arts contemporains. 

Oumy Regina Sambou

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