Chroniques

Des rêves à la mer (chapitre 1)

Chapitre 1 : Maîtrise en poche !

Papa sera content. Je l’ai eu haut la main cette maitrise en gestion commerciale et marketing.  Avant de parler de stages et autres, je vais passer de bonnes vacances. Ah weuy, cette année je vais aller en vacances sans ma famille. Je suis grande maintenant. Je n’ai pas encore 25 ans, mais j’ai 23 ans. J’espère que papa ne va pas faire les rabats joies. Agnandine Diatta fut interrompue par la sonnerie de son portable. C’était sa sœur Hélène.

Hélène : Miss, alors tu as eu tes résultats ?

Agnandine, faisant la déçue : Non. Je passe en octobre. Je ne sais pas comment c’est possible.

Hélène : Ce n’est pas grave chérie. Tu sais que tu as cartonné. Si tes professeurs sont débiles, ce n’est vraiment pas ta faute. Mets-le paquet pour la session d’octobre. Tu vas assurer. Et puis si tu reprends ta maitrise, ce n’est pas si grave. Tu es encore jeune !!!!

Agnandine : Tu sais comment me remonter le moral. Tu es adorable, mais ce que tu peux être un oiseau de mauvais augure. Je tiens à avoir ma maitrise à 23 ans.

Hélène : Chérie, il faut que tu redoubles au moins une classe dans ton cursus. Tu as l’intention d’arrêter tes études à la maitrise, ce serait bien que tu refasses ta classe.

Agnandine : Chérie, j’ai ma maitrise.

Hélène : Youpie !!! Je le savais de toute façon. J’en avais l’intime conviction.

Agnandine : Tu es folle toi.

Hélène : Non mais c’est vrai. Cette année, tu as vraiment travaillé. C’est la première fois que tu as réduit tes sorties au maximum. Tout le temps en train de lire des ouvrages universitaires, fascicules, les exercices pratiques que tu faisais. Dieu est juste way. Même si les profs te mettaient des zéros, tu allais passer.

Agnandine : Tu es folle. Hey, ne finis pas ton crédit. Je suis bientôt arrivée. Je n’ai pas de crédit et il faut que j’appelle papa.

Agnandine raccrocha et prit le bus pour aller à Sacré cœur. Elle habitait chez un de leur oncle. Ses parents habitaient à l’intérieur du Sénégal. Dès qu’elle arriva, elle prit le téléphone pour appeler son père Sékou Diatta. Dès qu’il décrocha :

Sékou : Hélène. J’espère que ce n’est pas pour me demander de l’argent.

Agnandine : Papa, c’est Agnandine. J’ai eu ma maitrise.  Tu peux m’envoyer de l’argent pour que je fête ça dignement ?

Sékou : Ooohhhh, ça, c’est une bonne nouvelle. Je suis heureux, tu ne peux même pas imaginer. Tu as ta maitrise comme ça ????

Agnandine : Oui, p’pa.

Sékou : Je n’ai  pas eu ma maitrise. Tu as réalisé un de mes vœux les plus chers. Tu as été vachement plus loin que moi. Tu me combles de fierté. Tu veux combien ? Je t’envoie ça demain.

Hélène : Papa et moi ?

Agnandine : Chut. Attend d’avoir ta maitrise. Papa, pour cette année je veux aller passer mes vacances à Ziguinchor.

Sékou : ça sera difficile. On ne pourra pas y aller.

Agnandine : Je n’ai pas dit « on ». J’ai dit « moi » papa.

Sékou : Hein ? Agnandine ? Les routes ne sont pas sûres. Je ne peux pas te laisser prendre les transports en commun. En plus, que tu partes seule!

Agnandine : Papa. Je viens d’avoir ma maitrise. Je veux passer des vacances avec des camarades étudiants ressortissants de la Casamance. Ne dis pas non, s’il te plait.

Sékou : Ecoutes, on en reparle plus tard. Je t’envoie de l’argent demain par la poste.

Agnandine : Papa, sérieux, je ne veux pas d’argent. Je veux que tu m’accordes la permission d’aller en Casamance.

Sékou : On en reparle. Félicitations encore une fois. Ta maman va être fière de toi quand je le lui dirai. Tchao.

Sékou Diatta raccrocha, et sourit. Il était content, fier de ses enfants qui le comblaient sur tous les plans.  Agnandine était la plus adorable. Elle assurait sur tous les plans, en plus d’être obéissante, flexible, compréhensive, bref, c’était une vraie crème. Et, elle aime trop sa Casamance natale. Je dois pouvoir faire un effort pour qu’elle puisse passer ses vacances à Ziguinchor, elle fera probablement un petit tour à Thionck Essyl ou au  Cap Skirring. Bon, je vais lui faire la surprise et organiser ce voyage pour elle. Séckou partit à son bureau et passa plusieurs appels. Au final, il obtint une place dans l’avion militaire pour Ziguinchor, cinq nuitées au Kadjadoumagne, cinq nuitées au village du pêcheur au Cap Skirring. Après elle ira chez un de ses cousins qui habite au quartier Escale à Ziguinchor. Voilà un beau programme. Elle sera ravie. Je vais lui annoncer la nouvelle demain. Je  lui enverrai un petit 150000. Ça fera l’affaire. Combé la femme de Sékou ouvrit la porte du bureau.

Combé : Mais qu’est ce que tu fais encore au bureau ?

Sékou : Je veux faire une surprise à Gnandine. Elle a eu sa maitrise.

Combé : ouh ouh ouh (le genre de cri dont seul les femmes diolas avaient le secret). Félicitations. C’est quoi la surprise ?

Sékou : elle dit qu’elle veut aller à Ziguinchor. Je lui ai dit non. Mais je lui ai trouvé une place dans l’avion militaire, des réservations dans plusieurs hôtels.

Combé : C’est bien ça. J’espère que tu l’as félicité de ma part ?

Sékou : Bien sur. On  rentre. Fatou et Aguéne doivent nous attendre.

Ils repartirent vers leur domicile, retrouver leurs deux autres filles. Dans l’arrondissement où ils vivaient, il n’y avait pas de lycées ni d’établissement d’enseignement supérieur c’est pour cela leurs deux plus grandes filles vivaient à Dakar. Et à chaque vacance scolaire, toute la famille au grand complet était réunie à Sakal, dans le département de Louga. Elles emportaient souvent dans leurs bagages certaines de leurs cousines qui voulaient souvent changer d’air. Des vacances qu’attendaient leurs parents et sœurs avec impatience. Hélène et Agnandine étaient de véritables rayons de soleil. Elles étaient appréciées de tous du fait de leur bonne éducation, leur gentillesse, leur disponibilité.  Agnandine annonça à son oncle qu’elle avait décroché sa maitrise. La famille d’accueil fêta dignement le succès de la nièce. L’oncle tout heureux, lui demanda de faire ses cv qu’il va faire passer à ses contacts pour qu’après les vacances Agnadine puisse faire un stage histoire de ne pas chômer en attendant le premier emploi. Qui sait ? Son lieu de stage pourrait même être là où elle fera toute sa carrière lui disait son oncle Amaye Badji. Tout  fier de sa nièce.  Avec ses cousins, Agnandine firent une virée dans le Dakar by night. Ils se rendirent au Dolce, à la Tanière, à Aldo, les boites qui étaient en vogue en cette année 2002. Année durant laquelle les lions de la Téranga (appellation de l’équipe de football du Sénégal) étaient vice champion d’Afrique et quart de finaliste à la coupe du monde. Ils rentrèrent au petit matin et s’endormirent juste après avoir prié et prit leur petit déjeuner. 

C’est Agnandine, qu’on appelait affectueusement Gnandine qui réveilla tous les jeunes vers midi avec ses cris de joie.

Sékou, un de ses cousins : Morte assassinée par son propre cousin parce qu’elle a trop fété sa maitrise. Ton diplôme est périmé. Tu nous soûles quoi.

Héléne, toujours au lit : Vraiment. Je suis totalement à la ramasse et elle crie comme ça.

Sékou : Qu’est ce qui te prend encore ?

Waly, un autre de ses cousins : Ton copain a demandé ta main ?

Gnandine : Je ne sais pas pourquoi vous êtes débiles. Papa m’a appelé. Je vais en Casamance pour mes vacances.

Sékou : Avec qui ?

Gnandine : Seule. J’y vais avec moi, moi, moi et moi seul.

Waly : Hein ? En Casamance ? Pour que tu sautes sur une mine, que tu rencontres des coupeurs de routes, que tu……..

Gnandine : Et pourquoi on n’a jamais été confronté à tout ça quand on y allait avec les parents ?

Waly : Est-ce qu’ils ne sont pas un peu rebelles ?

Gnandine : Waly ?

Sekou : Il n’y a pas de Waly qui tienne. Tu es contente comme ça parce que tu vas en Casamance ?

Gnandine : Oui. Papa m’a trouvé une réservation pour le Kadjandoumagne à Ziguinchor …

Sekou : Et tu vas à l’hôtel ? Tonton est fou. Tous les diolas vont dire que tu es une prostituée.

Gnandine : Oh mais toi alors. J’ai aussi une réservation d’hôtel au Cap Skirring.

Sekou : What da Fuck ? Et nous ?

Gnandine : Vous vous restez à Dakar.

Sekou : Ce n’est pas juste. Tu vas voyager seul en plus. Tu prends l’horaire qui va là bas ?

Gnandine : Non. Je prends l’avion militaire après demain. Il faut que je range mes affaires. Hélène, lève toi et aide moi. Vite là.  Je vais aller me ressourcer en Casamance. Ne vous inquiétez pas. Je vous amènerai des Maadd s’il y en a, des mangues, enfin si je ne vous oublie pas.

Ils éclatèrent tous de rire. Après avoir pris une douche et s’être débarbouillées, les filles s’attelèrent au rangement des affaires de Gnandine qui n’arrêtait pas de sautiller comme une puce. Elle allait partir à Ziguinchor, être avec ses amis pour des vacances de fou avant de se plonger dans le monde professionnel. Ainsi pensait Gnandine. Hélène était heureuse pour sa sœur. Toutes deux, voyaient la vie en rose.

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