Chroniques

Des rêves à la mer (Chapitre 3)

Chapitre 3 : Convaincre Papa

Ils se mirent d’accord et décidèrent qu’ils prendront le bateau, sauf Gnandine.

Gnadine : Papa dira non.

Abdou : Héy Gnandine. Tu sais comment convaincre ton père. Tu as fait plus d’un mois ici avec sa bénédiction.

Gnandine : Oui, c’est vrai. Mais lui, le bateau il n’a jamais très apprécié. 

Cheikh Oumar : Vu que le bateau revient de réparation, il acceptera que tu le prennes.

Ousmane : Où tu veux tout simplement faire ta petite bourgeoise et reprendre l’avion militaire ?

Tous éclatèrent de rire à cette boutade d’Ousmane.

Gnandine : Toi, vraiment ce n’est même pas la peine.

Ousmane : Appel ton père, fais lui du charme, du rentre dedans, après tout tu es sa petite mère qui vient d’avoir sa maîtrise. Il ne va rien te refuser et l’aventure n’en sera que plus complète.

Gnandine : C’est sur. Je vais lui parler.

Abdou : Donc, tous on se retrouve à l’embarcadère ce jeudi. Je vous distribuerai les billets. Je vais les avoir à moitié prix. Vous me remettrez l’argent à la remise des billets. Gnandine, il faut venir hein. Décroche cette permission.

Ces étudiants adoraient Gnandine qui était leur petite sœur. Ils la trouvaient sympathique, de bons conseils, très éveillée et dotée d’un sens très poussé du devoir. Certains d’entre eux comme Ousmane auraient bien voulu faire d’elle leur petit ami, mais Gnandine avait un copain fantôme. Personne ne le connaissait, mais tous se doutait bien qu’elle devait en avoir. Mais Gnandine avait bien compartimenté sa vie.  De retour chez son oncle, elle prit sa douche et se rendit au télécentre pour appeler son père. A l’époque en 2002, le réseau mobile ne couvrait pas tout le territoire national. Donc pour joindre son père, Agnandine n’avait que le fixe. Son père décrocha à la quatrième sonnerie. Après les salamalecs d’usage, son père l’interpella sur la date de son retour.

Séckou : Tu ne veux plus rentrer à Dakar ? Tu ne vas pas venir à Sakal ? On est le 23 aujourd’hui.

Gnandine : Si, je vais repartir à Dakar le 26 septembre.

Séckou : Je vais voir si c’est possible avec l’avion militaire.

Gnandine : En fait, je voudrais prendre le bateau le Joola.

Séckou : Tu deviens vraiment folle. Pourquoi le bateau ?

Gnandine : Pour découvrir rek. Je te jure p’pa. Ce sera la totale quoi. Après la Casamance vue du ciel, je fais la Casamance vue de l’océan. Et je pourrai assister au chargement à Karabane, traverser le fleuve Casamance, avant de me retrouver sur l’océan Atlantique. Et de là longer les côtes sénégalaises. C’est une grande aventure Papa. Ne m’en prive pas, s’il te plait.

Séckou : Mais le bateau est souvent surchargé. En plus, je ne suis pas convaincu par les réparations qui ont été faites. Non, non, non. Ne prends pas le bateau. Tu vas prendre l’avion militaire, ou je dirai au gouverneur de te trouver une voiture qui te ramènera à Dakar.

Gnandine : Papa, la route est dangereuse et éprouvante. Je te jure le bateau sera plus reposant. On sera tous là bas.

Séckou : C’est qui tous ?

Gnandine lui dit qu’ils étaient une trentaine d’étudiants. Il y avait également quelques uns de ses cousins.

Séckou : Gnandine, tu y tiens tant que ça ?

Gnandine : Oui papa. S’il te plait. Je t’en supplie. Je veux prendre le bateau pour revenir à Dakar.

Séckou : Gnan…

Gnandine : J’insiste papa. Tu sais que ce n’est pas dans mes habitudes. Mais aujourd’hui, je veux vraiment que tu me donnes la permission de prendre le bateau pour rentrer.

Séckou : Gnandine, toi aussi. C’est vrai ce n’est pas dans tes habitudes d’insister autant. Je ne sais même pas ce qui te prend. Je préfère que tu boudes comme d’habitude et que tu fasses ce que je te dis.

Gnandine : Papa, s’il te plait. Je te promets, je vais porter mon gilet de sauvetage durant toute la traversée, je vais prendre une cabine, je vais m’enfermer dedans la nuit. En fait, durant toute la traversée je vais rester dans ma cabine. Je vais acheter des livres et magazines pour m’occuper.

Séckou : Hey Ina (maman).

Gnandine : Papa, sarakh ma. Je t’en supplie.

Séckou : Hum…..

Gnandine : Dis oui. Je te jure, si quelque chose se passe, je vais me mettre à l’abri. Je serai à l’abri dans ma cabine. Rien ne m’arrivera. Je te le promets. Je suis trop jeune pour mourir.

Séckou : Qui t’a parlé de mort ? Ta bouche.

Gnandine : Tu es d’accord ?

Séckou : je ne sais pas. Bon, vas y. Prends une cabine. Attache ta ceinture de sécurité.  

Gnandine : Ceinture de sécurité ? Papa !!!

Séckou : Je voulais dire gilet de sauvetage. Tu t’enfermes dans la cabine à la tombée de la nuit. Ne participe pas à la soirée.

Gnandine en riant : Je te promets Papa. Je resterai dans la cabine.

Séckou : Dès ton arrivée, tu essaies de passer à Sakal. Tes petites sœurs n’arrêtent pas de demander après toi.

Gnandine promit de faire un tour à Sakal dès son retour à Dakar. Elle envoya un sms à son copain fantôme que personne ne connaissait pour lui dire qu’elle allait prendre le bateau.

Gnandine : Take le joola. I’m so happy.

Abder: Bon à savoir. Je viendrai te chercher. Faut qu’on parle.

Gnandine : De quoi ?

Abder : De nous !

Gnandine : Qu’est ce qu’il y a ?

Abder : J’en ai marre d’être le mec de l’ombre. Je veux sortir du bois.

Gnandine : Rires. Tu es fou !

Abder : Non. Je veux officialiser notre relation.

Gnandine : Je ne suis pas encore prête. Tout le monde va s’attendre à ce qu’on se marie si tu viens me voir tout le temps. Tu n’es pas prêt. Je ne suis pas prête.

Abder appela. Il voulait cueillir Gnandine au port, et lui faire sa demande mais il ne pouvait pas attendre. Dès que Gnandine décrocha, il plongea :

Abder : Agnandine ! Je voulais te dire ton nom est trop moche.

Agnandine : Tu peux raccrocher. Message reçu.

Abder : Je n’ai pas fini. Malgré ton prénom horrible, veux-tu m’épouser ?

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